Les expositions proposées revendiquent de fortes identités, à commencer par celle d'Hangar't, une incroyable aventure née en Bretagne et qui trouve son prolongement en Anjou.
Travailler sur la mémoire rurale, c'est une bien jolie idée, mais comment s'y prendre ? Yves Quentel, journaliste à France Bleu, et passionné de photographies, a d'abord cherché la matière première : « J'ai demandé aux habitants d'apporter leurs vieux clichés. » Installé à Nizon (Finistère), à un vol de mouette de Pont-Aven, il a eu naturellement l'idée de transformer ses photos en peinture. « Je voulais des couleurs pop art, très Warhol. » Le résultat est saisissant : la couleur donne une incroyable vivacité aux costumes noirs et aux vieilles images.
Mais la plus belle idée d'Yves Quentel est d'avoir associé tous les habitants à cette étonnante aventure. « Depuis 1992, 75 personnes sont passées par l'atelier, du menuisier au couvreur. » Leur travail, collectif et anonyme, a donné vie à 250 tableaux, qui restent la propriété de l'association, et voguent d'expositions en expositions... jusqu'à New York, en 2012.
En ce mois de septembre 2013, c'est au tour d'Angers d'accueillir Hangar't. Sous forme d'exposition (1). Et sous forme d'atelier : les toiles produites depuis le début de la semaine (et représentant notamment David d'Angers) compléteront l'exposition.
« Accessible à tous »
Lucie, Pauline, Emilie et Hélène sont ravies de cette expérience qui leur a permis de mettre les mains dans la toile, à partir d'un procédé très simple. La photo originale est traitée pour laisser apparaître seulement les noirs et blancs ; ce nouveau document est transformé en diapo, laquelle est projetée sur un support - du bois ou une toile. C'est alors aux petites mains d'intervenir, pour coloriser le tableau.
« Sans technique, on peut approcher l'art, qui devient accessible à tous les milieux sociaux », se réjouit Pauline. Emilie s'est, quant à elle, sentie « valorisée » par cet atelier, alors qu'Hélène a été séduite par le projet associatif d'Hangar't. Le visage de Lucie s'est lui éclairé aux toutes dernières touches : « Quand on met la peinture noire, tout prend forme ! »
Toutes ont contribué à cette épopée, pour le plus grand plaisir d'Yves Quentel qui se définit comme « le président fondateur » de l'association, mais aussi comme son « chauffeur livreur » : « C'est moi qui aie amené les 50 toiles de l'expo ! »
L'homme souriant savoure à juste titre « cette aventure artistique... qui est avant tout une aventure humaine ».
(1) Exposition quai des Carmes (au bout du pont de Verdun), ouverte jusqu'à dimanche.
Laurent BEAUVALLET.